Chapitre IVLes chevalières sortirent en trombe de la caverne, montèrent sur leurs vaches et quittèrent les lieux au plus vite.
« - Vous… Pouvez venir chez moi si vous voulez… murmura Enola.
- Enola… Tu n’as pas l’air de comprendre la situation… Le tyran a notre identité. Il n’y a peut-être plus de chez toi.
- Nous sommes devenues des clandestines ?
- Oui. Il a sûrement lancé un avis de recherche…
- Il faut rejoindre le Q.G !
- On ne peut pas passer par le bar ! Camille risquerait d’avoir des ennuis…
- Le Q.G est relié aux égouts. On peut toujours passer par là. »
En effet, le repère des chevaliers de la Tablette Ronde était situé à l’exact centre de la ville par un pur hasard et comportait de nombreux accès au système d’évacuation des eaux usées de Capitale.
Après avoir passé les portes de la ville, elles entrèrent par la première bouche d’égout.
« - Beuaaaaark ! Ca puuuue !
- Mais non Mira ! C’est ton imagination ! Regarde ! »
Caroline montra l’environnement d’un geste large. Les égouts étaient taillés dans une belle pierre blanche, les murs arrondis soutenaient des lampes à huile et une petite rivière qu’il ne fallait surement pas regarder de trop près sentait la rose et le jasmin grâce aux désodorisants Fébreze présents tous les trente centimètres.
« - Allez ! Chantons pour nous donner du courage ! »
Les chevalières commencèrent donc
la chanson officielle version longue de la Tablette Ronde.
« J'étais dans Capitale, à dévorer du chocolat
Mais l'aventure m'appelait, l'ennui était en moi
J'avais ouï d'une tour, siégeant un peu plus loin
J'ai attrapé ma vache Milka, ma poêle et mes copains !
A l'aventure, compagnons
Je suis parti vers l'horizon
J'aurais mieux fait de rester chez moi
La suite vous le dira
On est arrivés au lieu-dit, trempés par un orage
Ma monture s'est enfuie, mais j'ai gardé mon courage
Contournant l'édifice, dont la porte était fermée
J'ai glissé dans la boue et puis les chiens sont arrivés
A l'aventure, compagnons
Nous sommes partis vers l'horizon
J'aurais mieux fait de rester au lit
Cette quête elle est pourrie !
Ils ont bouffé ma cape, mes cookies et mon futal !
J'ai du abandonner mon sac et fuir comme un vilain
Poursuivi par les bêtes, je suis tombé dans un trou
C'était l'entrée secrète qui passait par les égouts
Refrain
J'ai rampé dans la merde, les termites et les crapauds
J'ai atterri dans un cachot, où vivaient trois bossus
Ils m'ont piqué mon ail, mon navet et mes granola !
Et ils m'ont balancé dehors à grands coups de pied dans l'train
Refrain
J'ai traîné dans les corridors, tout seul et dévasté,
Égaré dans la tour, je suis revenu à l'entrée
Les gardes m'ont vu passer, courant vers la sortie
Ils se demandent encore qui était cet abruti
Refrain
L'histoire était finie et j'ai voulu rentrer chez moi
En courant sous la pluie, boitant comme un vieux rat
Cherchant pour une auberge, une paillasse et un cruchon
Je m'suis dit "l'aventure, c'est pas fait pour les couillons"
A l'aventure, nom d'un chien
Je n'irai plus faire le malin
J'aurais mieux fait de rester chez moi
A manger du chocolat ! »
Ragaillardies par cette chanson, elles continuèrent leur chemin.
« - HI ! J’ai entendu un bruit ! s’exclama Enola.
- Taisez vous ! murmura Caroline. On dirait qu’on est pas seules. »
Plus loin, de faibles voix se firent entendre :
« - Allez du nerf Adam ! FAIT PAS TA FEMMELETTE ! Sois viril un peu !
- Mais c’est loooooooooourd ! Pourquoi tu le portes pas, toi ?
- Parce que je suis une femme et que tu es très galant.
- Certes.
- HAUT LES MAINS, PEAU DE LAPIN ! s’écria Akane en brandissant son hachoir face à eux.
- COUCHE ! DEBOUT ! ASSIS ! LES MAINS DERRIÈRE LA TÊTE ! A CALIFOURCHON ! CONTRE LE MUR ! YA PAS D’MUR J’M’EN FOUT ! DU NERF !! hurla Mira en brandissant son bazooka à mandarines d’un air menaçant.
- Vous croyez qu’on va vous écouter ? » s’exclama Rita.
Alors, Mira visa et tira. Une mandarine gros calibre sortit de l’orifice droit sur Rita à très grande vitesse puis… Se stoppa. Elle grossit, grossit, grossit puis un… homme ? en sortit (je vous le jure, ce n’est pas une métaphore pour de l’éducation sexuelle). Il avait de longs cheveux blonds tressés et des yeux émeraude.
« - Enchanté, nobles damoiselles en gent damoiseau ! Je suis Jack Vessalius, prince de mon état ! s’exclama le beau parleur qui se tourna vers Mira. Quant à vous, noble prêtresse, vous m’avez délivré du terrible sort qui m’avait emprisonné dans cette arme. Je suis un mage des mandarines extrêmement puissant et pour vous témoigner mon éternelle gratitude, prenez ce talisman ! continua t-il en donnant un pendentif avec une mandarine à Mira. Lorsque vous aurez un problème, tournez sept fois votre langue dans votre bouche puis appelez-moi. Je viendrai vous aider. »
Sur ce, il… roula une pelle à une prêtresse sous le choc puis disparut, de même que le bazooka.
« - NAAAAAAAAAAAAAAAN ! LE BAZOOKA QUE J’AI ACHETE SUR EBAAAAAAYYYY !!! »
Les héroïnes tournèrent la tête vers les deux cambrioleurs qui semblaient s’être évaporés pendant la scène.
« - Ah peuchère ! s’exclama Mira. Ils nous ont échappé.
- Ben c’pas grave. On les retrouvera. » déclara Akane.
Et les chevalières continuèrent leur route en chantant gaiment. Puis, elles finirent par arriver à un panneau visiblement très vieux portant l’inscription « Cul de sac ».
« - Zut, c’est un cul de sac ! s’exclama Mira.
- Mais noooooon ! » répondit Caroline qui avança et…
« BOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONG !!!! »
« - Bong ? Caro ! Ca va ? demanda la Fée.
- Aaaaaaaiiiiiiiiiiie ! Je sooooooouuuuuuuuuffre ! Je vais avoir une bosse !
- Que s’est-il passé ?
- Je me suis pris un champ de force !
- C’est qu’on n’est pas loin du Q.G.
- Ouais mais comment on le passe ?
- J’appelle le guignol à tresse ?
- NAN.
- Flamby, tu aurais un sort anti champ de force ?
- Evidemment, on ne m’appelle pas la FF pour rien. JE SUIS LA FEE FLAMBY, J’EXAUCE TOUS LES VŒUX MAIS SEULEMENT POUR TOI CAR TOI… T’ES MERVEIIIIIILLEEEEEEEEEEUUUUUX ! »
Et le champ de force disparut, sûrement choqué par les… Performances vocales de la fée Flamby.
« - Allons y let’s go ! C’est parti les amis ! Nous allons les trouver ! Je sais qu’on peut y arriver ! Où allons-nous ?
- MAIS TA GUEULE MIRA !!! »
Elles continuèrent leur route dans le silence le plus silencieux et arrivèrent à un vrai cul de sac.
« - Ah merde, on peut pas aller plus loin.
- Naaaaaaaaaaaaaaan, tu crois ?
- Bougez pas », répondit Akane en s’emparant de son hachoir.
Elle frappa le mur et… Cela sonna creux.
« - Il y’a quelque chose derrière !
- Évite de péter le mur steuplé, on a besoin de le refermer après nous pour pas se faire griller.
- Attendez, il y’a une inscription ! « Prononcez la formule appropriée pour entrer ».
- Euh… Sésame ouvre toi ?
- Nan ça marche pas.
- Un pour tous, tous pour un ?
- … Non plus.
- BON TU VAS T’OUVRIR SALOPE DE PORTE A LA CON ????
- … Merde.
- PUTAIN MIRA T’ES UN GENIE ! C’est « merde » le mot de passe ! »
Le mur se scinda en deux, révélant une entrée qui se referma une fois que les chevalières furent rentrées dans leur Q.G. Ni vu ni connu.
« - Bon, on va regarder le minuit de TF2 pour voir si il y’a du nouveau, déclara Enola.
- La télé marche pas… répondit Akane.
- NORMAL, ELLE A PAS D’JAMBES ! s’exclama Mira.
- Si vous voulez, j’ai bossé chez Pâtissier, demanda Flamby.
- Han ouais ? Tu peux nous faire des éclairs au chocolat ?
- Mais non Caro ! Pas chez le pâtissier, chez Pâtissier, le magasin d’électroménager !
- Mais pourquoi tu dis pâtissier alors ?
- C’est le nom de la boutique !
- Pourquoi Pâtissier alors si c’est un magasin d’électroménager ?
- MAIS J’EN SAIS RIEN C’EST PAS MOI QUI AI CHOISI !!
- PAUSE ! Flamby, tu peux réparer ce poste ?
- Allons, je ne suis pas la Fée Flamby pour rien ! »
L’elfette sortit de sa poche une clé à molette frappa la télévision d’un grand coup.
« - MAIS T’ES MALADE ????!!
- OOOOOOH ! Ca marche !
- Like a boss !
- Taisez vous, je veux écouter ! »
La présentatrice du journal, une blonde ayant abusé de la chirurgie esthétique déclara : « Un incendie suspect dans la vallée de Compot’Land. Le château Ducal est réduit en cendre. »
« - MA… MA… MA MAISOOOOOOOOOOOOOOOON !!
- Chut ! »
Soudain, les portraits des cinq femmes défilèrent sur l’écran avec la mention « Si vous les voyez, tirez à vue, elles sont armées et dangereuses. »
« - Ouaaaaaah, vous avez vu ma tête ? J’ai trop la classe ! s’exclama Mira.
- On est awesome.
- ON EST DES CRIMINELLES OUI !
- Il nous faut un plan stylé !
- Il doit être aussi awesome que nous.
- Bon. Ce que je propose, c’est qu’on passe une bonne nuit de sommeil et qu’on prépare un plan demain quand on sera bien reposées. Vu ? demanda Enola.
- Vu ! répondirent les autres.
- Ok, alors, pipi, les dents et au lit les petits !
- MAIS T’ES PAS NOTRE MERE ! »