Lysander, pour vous (dé)servir. [je crois bien que c'est fini o/]

Né sous X, Lysander a passé toute son enfance ( ou du moins, une bonne partie ) dans un orphelinat plus ou moins délabré, ce genre d'établissement où des rats sortent des trous qui perçent le plafond et où le parquet craque et peut se casser sous nos pieds. Ils étaient une bonne trentaine d'enfants de 1 à 12 ans à être internés ici, et aucuns d'eux ne se plaignaient de l'état des lieux. Il faut dire qu'ils n'avaient pas trop le choix. C'était ça où être abandonné dans la rue et mourir. A moins que l'on ai de la chance. Et question chance, bah.. On peut dire qu'ils n'étaient pas gâtés. Les plus âgés s'occupaient des plus jeunes, et tous veillaient à ne pas trop se faire remarquer. On est jamais à l'abri d'un "accident"...
Lysander, lui, il s'entendait avec à peu près tout le monde. Etant là depuis sa naissance, il connaissant l'orphelinat comme sa poche, et un jour, est tombé sur la fillette qui résidait dans la chambre 13. Elle s'appelait Aryel, et tout le monde disait qu'elle était "débile".

" C'est vrai qu'elle ne sait ni parler ni marcher, mais cela ne fait pas d'elle une idiote !" C'était ce que répétait à tue-tête Lys' quand on lui parlait d'Aryel. Il la prenait tout le temps dans ses bras, histoire de lui faire voir le reste de l'internat, et même si il savait qu'elle ne pouvait pas lui répondre, il continuait à lui parler et à lui faire une description de tout les enfants de l'orphelinat. Tant et si bien que..

Une fois, quand Lysander se rendait dans la chambre d'Aryel, il la trouva debout, tremblante, devant son lit. Il en fut tout heureux, courrant trouver une surveillante pour lui annoncer que ça y est, Aryel pouvait marcher. Il avait bondi sur une dame au détour d'un couloir, hurlant qu'Aryel n'était pas bête.

- .. C'est méchant, ce que tu as fais, Lysander.

Il releva la tête vers la vieille dame qui s'occupait d'eux, ne comprenant pas le sens de sa phrase.

- Pourquoi ? Je n'ai rien fait de mal !

- Tu pars dans deux mois. Crois-tu qu'Aryel seras heureuse, maintenant ?

Il avait complètement oublié qu'il partait. Il pensait qu'il allait rester dans l'orphelinat et qu'Aryel et lui pourraient partir quand ils seront adultes, mais le destin était tout autre. Aryel se retrouverait seule, puisque personne ne voulait l'approcher. Il fondit en larmes, désolé pour sa meilleure amie.

Et puis vint l'heure du départ. Aryel, qui pouvait marcher désormais, même si elle avait encore du mal, accompagnait Lys' jusqu'à l'entrée. Une fois arrivés à la sortie de l'orphelinat, il se retourna vers elle, prenant les mains de la jeune fille dans les siennes. Il se força à sourire, même si l'air abbatu de la jeune fille le désespèrait.

- T'inquiète pas, je reviendrais te chercher, je te le promets, hm !

Il eut à peine le temps d'articuler cette phrase qu'un homme grand en costar noir l'emmenait dans une grosse voiture. Il voyait à travers la vitre Aryel tendre la main vers la voiture, le visage baigné de larmes. Mal à l'aise, il baissa la tête, fuyant du regard la jeune fille et l'orphelinat qui l'avait vu grandir. Pour la première fois, cet environnement digne d'un film d'horreur lui faisait peur.


Le moment de retourner à l'orphelinat et de retrouver Aryel était venu. Lys' n'avait jamais été aussi heureux, mais en même temps, il était rongé par l'angoisse. Et si elle ne le reconnaissait pas ? Et si elle était partie ? Et si... Pleins de questions tournoyaient dans sa tête, sans pour autant trouver de réponses. Il se mordit la lèvre inférieure, tournant à l'angle de la rue pour trouver le grand bâtiment. Rien n'avait changé, comme si le temps s'était arrêté. Il entendit des bruits de pas derrière lui, et il n'attendit pas pour se retourner, tombant face à face avec la vieille dame qui les surveillaient jadis. Elle n'avait pas changé, ce qui était assez troublant en soi... Il sourit timidement, de plus en plus angoissé, tandis que la vraie raison de sa venue lui revenait en mémoire.

- J'aimerais voir Aryel, hm.

La vieille dame ne répondit rien. Avait-elle perdue la parole ? Les poings du blond se serrèrent, faisant perler quelques gouttes de sang de ses cicatrices lui barrant les paumes de mains. Le doigt fourchu et squeletique de l'ancienne se leva à l'intérieur, comme pour dire à Lys' d'entrer. Ce dernier n'hésita pas, bondissant à l'intérieur. Il y avait toujours les mêmes rats qui fouinaient dans les coins, les mêmes enfants qui courraient dans les couloirs en évitant les trous dans le parquet, rien n'avait changé, à part les visages des orphelins. Lysander s'arrêta, de plus en plus indécis. Et puis, enfin, il se trouva en face de la chambre 13. Donc la grande porte était scotchée de partout, avec un "Défense d'entrer" peint en noir sur le bois. Il n'y avait pas tout ça, avant. Est-ce que quelque chose s'était passé ? Le jeune homme posa sa main sur la poignée, soufflant une dernière fois. Il entrebailla la porte, jetant un coup d'oeil à l'intérieur.. Il n'aurait pas dù. Un cadavre. Même si il n'avait regarder qu'une demi seconde, l'odeur de décomposition l'avait tout de suite informé de l'identité de la forme floue étendue sur le sol. Une main se posa doucement sur le sol, le faisant presque hurler. C'était la vieille. Répugné, Lysander pouvait presque voir un sourire moqueur flotter sur les lèvres de l'ancètre.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé.. ?! Qu'est-ce qu'il y a, là-dedans ?!

Les questions s'enchainaient, tellement il était traumatisé par l'horrible vision de la chambre 13.

- Aryel est morte.

Les mots tranchèrent les cris de Lysander, le réduisant au silence.

- D.. Depuis quand... ?

Le sourire tordue de l'ancienne qui déchirait son visage était cette fois bien visible.

- 3 ans. Tu l'as vu, c'est ce qui compte, non ?

C'en fut trop pour lui. L'air lui manqua soudain, sa vue se brouilla, et il fut plongé dans le noir total. Quand il se réveilla, il était rentré dans le manoir de ses parents adoptifs. Au départ, il avait refusé de croire qu'elle était morte, avant de se faire une raison et d'accepter la réalité. Il l'avait perdu, et cette fois, pour de bon. Plus rien n'avait de sens. Cet orphelinat ne tournait pas rond. Il fallait le faire disparaître.

Tout faire sauter. Et c'est ce qu'il fit. Il explosa l'internat à coups de dynamite, réduisant ses souvenirs, son enfance en cendre. Il allait refaire sa vie. Ne plus y penser. Mais ce n'est pas les cauchemars qui manquent, surtout quand l'on entend les pleurs des enfants retentir au-dessus du vacarmes des explosions. Elle était morte. Morte. Comme son coeur.



- Le lycée Pandora, hm ?

Il releva un regard interrogatif vers son père, tenant une brochure à la main.

- Tu m'avais informé que tu voulais être professeur d'Arts, non ?

- Euh.. Si..

Un sourire naissa sur son visage, quand il comprit enfin la raison de tout ce b****l.

- Hé hé.. Merci !

Il allait partir quand la voix de son père l'interrompit.

- Veille à ne pas trop t'attacher aux autres, une fois là-bas. Je n'ai pas spécialement envie que ça finisse comme l'autre jour..

- Mais oui..