Je vous le répète : je n'ai rien à voir avec ce fichu détective ! [en cours !]

Avant de creuser un petit peu le passé de notre nouveau surveillant, il me semble important de faire un petit point historique quant à la famille Holmes. Premièrement (et comme un nom pareil le laissait présager…), ses racines trouvent leur source sur les terres de sa très glorieuse Majesté, c’est-à-dire en Angleterre. Aussi loin que remontent les archives des Holmes, ceux-ci ont toujours eu une place de choix dans la société, que ce soit dans la haute bourgeoisie ou la petite noblesse (un arrière-arrière-arrière-grand oncle de notre protagoniste principal aurait d’ailleurs, d’après les dires de certains, côtoyé la famille royale au cours de chasses tout à fait divertissantes).

Après avoir conquis toutes les plus hautes branches de cet arbre social britannique, une partie de la lignée prit la courageuse décision de s’expatrier dans divers endroits du vaste monde (principalement des colonies anglaises, cela va de soi). Ainsi, on peut aujourd’hui espérer trouver des Holmes au quatre coins du globe et ce, bien évidemment, dans la meilleure situation financière et sociale possible.

C’est ainsi qu’un certain William Holmes s’installa en France pour y monter sa propre entreprise spécialisée dans la vente de produits britanniques. En seulement quelques années, l’affaire prit une ampleur considérable. Le succès fut même tel qu’en moins d’une décennie, la famille Holmes acquit dans son nouveau pays d’accueil la place qu’elle avait toujours occupée ailleurs : c’est-à-dire en haut de l’échelle.

Quelques temps plus tard, Henry Holmes, petit fils de William, hérita à son tour de l’entreprise familiale et se maria à la charmante Marion De Lacroix, qui lui donna deux fils :
- James, l’aîné prodige, capable de réciter le « God save the Queen » sans la moindre fausse note, adepte du Tea Time depuis son plus jeune âge et ayant une maîtrise parfaite de près de huit langues différentes.
- Shirka, le cadet raté qui a réussi à massacrer tout l’espoir que sa famille avait placé en lui.

Il peut paraître surprenant que, alors qu’il est né dans une famille traditionaliste qui ne jure que par la monarchie anglaise, Shirka ait été affublé d’un nom si… inhabituel. Eh bien, pour la petite histoire, ce prénom a été choisi par Elizabeth, une sœur d’Henry ayant longtemps résidé en Inde et à qui son frère avait promis une telle faveur. “Tante Lizzie ” fut d’ailleurs la seule personne a avoir toujours soutenu Shirka dans la moindre de ses démarches, et ce fut certainement elle qui lui donna cette envie si prononcé de rester, quoi qu’il arrive, un être… différent.

Car oui, différent, Shirka l’avait été dès son plus jeune âge. Tout d’abord, il y avait ses cheveux noirs de jais, surprenant comparés à la tignasse Aubrun rencontrée généralement chez les Holmes. Ensuite, plus marqué encore : son caractère de révolutionnaire. Et cela, ce n’était pas DU TOUT du goût du reste de la famille.

Au cours de son enfance, on pouvait déjà sentir dans l’attitude du jeune Shirka que celui-ci allait bouleverser les mœurs. Un peu bagarreur avec son grand-frère, il préférait largement aller embêter celui-ci plutôt que réviser ses cours ou apprendre l’Anglais (sacrilège !). À l’école, le noiraud se montrait plutôt dissipé, finissant au coin un nombre incalculable de fois et froissant quelque peu la réputation impeccable des Holmes. Les parents de notre rebelle furent même obligés d’envoyer leur progéniture en pension pour tenter de rectifier le tir.

Néanmoins, loin de calmer la situation, cette démarche l’envenima encore plus. Car ce fut à cette époque, alors que le garçonnet n’avait guère que 10 ans, que l’on commença à se moquer de lui, et plus particulièrement de son nom de famille. Durant de nombreuses semaines ne fusaient que des railleries à son encontre, du genre « Salut détective Holmes, j’ai perdu mon chien, hier. Tu pourrais le retrouver ? », ou encore « Alors, Sherlock, où est passé Watson ? ».

Mais ce fut lors des vacances d’Été qui précédèrent l’entrée en 4ème de Shirka que la donne changea définitivement. Car c’est à ce moment là que le garçon découvrit ce qui devint alors sa passion : le théâtre. Pourtant, à l’origine, la perspective d’aller passer une soirée culturelle avec sa tante Lizzie ne l’enchantait pas plus que cela. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas Elizabeth, au contraire ! C’était juste le fait qu’aller au théâtre, pour un préado de son genre… bref, ça craignait un peu, quoi.

Cependant, au plus grand étonnement de Shirka, sa tante ne l’emmena pas voir l’une de ces tragédies shakespeariennes que les Holmes affectionnaient tant. Elle préféra à cela un classique du théâtre français : L’Avare, de Molière. Une comédie. Il est certain que si les parents du jeune noiraud avaient été au courant AVANT, ils auraient renié Elizabeth en la chassant de la maison à grand coup de Vade Retro Satanas. Car chez les Holmes, on ne regarde pas des œuvres aussi peu distinguées que des farces.

Malencontreusement pour Henry et Marion, le mal était fait. À son retour de la représentation, le petit Shirka s’était planté fièrement devant le reste de sa famille en annonçant qu’il allait devenir acteur de théâtre un point c’est tout. Et si son frère James s’était encore moqué de lui durant des mois après cela, son père et sa mère, eux, ne rirent pas du tout. Car l’avenir du noiraud était déjà tout tracé : il allait au mieux hériter lui aussi d’une partie de l’entreprise familiale, ou au pire devenir l’associé de son frangin lorsque celui-ci aurait reprit la boutique. Mais non, en aucun cas il allait devenir “un saltimbanque de bas étage ”.

Quasiment du jour au lendemain, les notes au collège du noiraud bondirent, et ce à la surprise générale. Son caractère changea radicalement lui aussi : du garçon discourtois et prompt à la bagarre, on passa à un jeune homme mur et poli au comportement tout à fait charmant.

Bien entendu, par ces efforts, le jeune ado cherchait surtout à renouer avec ses parents. Il voulait qu’ils soient fiers de lui, et qu’ils comprennent enfin que ce n’était pas là une passade… Mais rien. Pas un seul encouragement. Qu’à cela ne tienne. À partir de cet instant, Shirka prit la décision de se consacrer corps et âme à son projet, quitte à se faire déshériter.

C’est ainsi qu’à 15 ans, l’enfant-terrible des Holmes intégra dans l’illégalité la plus totale sa première troupe de théâtre, à savoir celle de son collège. Son père tenta bien d’empêcher cette catastrophe, mais il se heurta au professeur de son fils, qui ne cessait de lui rabâcher que celui-ci avait un véritable don qu’il ne fallait surtout pas laisser passer. Résultat : à la représentation de fin d’année, la seule à venir applaudir Shirka fut sa très chère Tante Lizzie, qui eut même les larmes aux yeux lorsqu’elle lui dit qu’il devait impérativement poursuivre dans cette voie.

Vint ensuite le temps du Lycée (privé, bien entendu). Après avoir obtenu son Brevet avec mention Très Bien, le jeune homme aux cheveux de jais comptait bien emprunter une filière littéraire, pour ensuite intégrer une école de théâtre avec le Bac en poche. Commença alors dans la famille une véritable bataille qui opposa Mr & Mrs Holmes à Shirka et Elizabeth. Les premiers voulaient encore et toujours que leur fils suivent des études en économie, et les deux autres campaient naturellement sur une position toute autre. C’est alors que la maladie frappa Tante Lizzie.

Le cancer fut tout aussi fulgurant que la surprise qui frappa les Holmes. En moins de trois mois, il emporta la malheureuse Elizabeth, causant un chagrin immense à la famille. Au cours de l’enterrement, cela fut même la première fois depuis quelques années que tout le monde pleurait pour la même raison.

Hélas, le répit pour Shirka fut d’aussi courte durée que la découverte du testament de Tante Lizzie. Cette dernière léguait comme héritage à son neveu préféré toute sa fortune, avec laquelle elle voulait bien entendu qu’il intègre son école de théâtre. Sauf que, par un curieux hasard, le compte en banque du jeune homme fut bloqué, l’argent devenant donc inaccessible. Bien entendu, nous connaissons tous l’identité des coupables…

Cette tragédie marqua la trahison de trop. Shirka falsifia son propre dossier d’orientation, remplaçant la section “ES” que ses parents avaient rempli par la filière “L” qu’il désirait tant. Naturellement, le noiraud fut puni pour cela.

Comme il l’avait calculé, le jeune homme obtint son Bac avec la meilleure mention. Tante Lizzie n’étant plus là pour le féliciter, ce fut James qui s’en chargea, au grand étonnement du cadet. L’aîné des frère Holmes avait en effet 27 ans, et déjà de lourdes responsabilités dans l’affaire familiale. Pourtant, il était là, un air désolé sur le visage, à congratuler chaleureusement son petit frère.

Malheureusement, un mur infranchissable se présenta aussitôt devant Shirka. Il avait beau avoir le diplôme nécessaire, il lui était impossible d’envisager les études qu’il voulait faire sans un sous en poche.

Âgé de tout juste 18 ans, le jeune homme quitta alors la maison des Holmes par un beau dimanche de début de juillet. Désormais, il allait se débrouiller seul pour gagner suffisamment d’argent afin de réaliser son rêve, qu’importe le temps que cela pourrait mettre.

Durant deux ans, Shirka erra aux quatre coins de la France, enchaînant jobs et petits rôles là où le vent daignait bien le porter. C’est au cours de cette période là qu’il commença à se colorer les cheveux suivant les exigences de sa nouvelle troupe, et qu’il connut les premières remarques sur son physique de jeune ado alors qu’il avait tout de même une bonne vingtaine d’années.

Le noiraud coupa également tout contact avec ses parents, dont il ne voulait même plus entendre parler. La seule attache qui demeurait encore entre Shirka et sa famille était James, ce frère qui tentait tant bien que mal de le raisonner et qui, à défaut, lui offrait gîte et couvert lors des périodes de crise. Car sous cette apparence froide et stricte que cachait cet aîné à qui tout réussissait se cachait en réalité un cœur d’or. Ainsi, le jeune comédien se savait tout de même soutenu par cet ange gardien malgré lui, au cas où il lui viendrait de tomber…

C’est alors que, à 21 ans, Shirka trouva une place idéale pour sa situation, et qui lui apporterait un foyer temporaire : un poste de surveillant dans un certain Lycée Pandora. De plus, dans la ville juste côté se trouvaient de nombreux restaurants et bars, où le jeune homme pourrait compléter ses journées pour espérer gagner un peu plus d’argent. Et vous savez quoi ? Il paraît même qu’une troupe recrutant quelques comédiens avait l’habitude de se produire dans un café-théâtre de cette même ville…

T E S T - R P :