Oichiro Tensu...

Oichiro: 14 ans
Ma soeur, Arylia, est mon dernier lien familial, depuis six ans nous ne savons plus où sont nos parents, disparus, envolé, et nous ne connaissons pas de famille à part eux. Ma soeur a à peine une dizaine d'années et elle est au lit, dans une chambre d'hôpital, atteinte d'une maladie inconnue, elle est en forme d'apparence mais son vrai état ne s'améliore pas. Tandis qu'elle reste dans cet hôpital toute la journée, moi je vais au lycée, je fais des travaux par ci par là pour lui offrir des cadeaux et me permettre de rester avec elle pour discuter un peu, mais aussi alléger la peine du donneur qui paye les frais médicaux. Grâce à ces travaux et de l'argent laissé par mes parents avant leur disparition j'arrive à me loger, me nourrir, payer mes études, faire plaisir à ma soeur... J'adore lu faire plaisir, voir son sourire, c'est presque ma seule joie de vivre; oui, je me fiche bien de vivre. C'est elle qui aimerait avoir des amies, travailler, s'amuser, c'est elle qui est clouée dans ce lit. Et c'est moi qui aimerait échanger les places, la laisser rire, vivre? pourquoi est-ce moi, qui me fiche bien de tout ça, qui marche? Pourquoi est-ce moi qui vis comme ça alors que j'aimerais que ce soit elle? Noël approche, encore deux semaines, je pourrais lui offrir quelque chose de plus gros que d'habitude si je me cotise, quelque chose qui lui fasse plus plaisir, que je vois son sourire. Est-ce l'ironie du sort? Cette saleté qui nous enlève l'envie de vivre, peut elle la relancer? Pourquoi sourit elle quand je lui offre quelque chose, tout le temps, alors que je lui offre la première chose que je trouve? Je ne suis heureux que lorsqu'elle sourit, le fait-elle pour ça, ou parce qu'elle n'a pas d'autre raison de sourire... Que se passerait il si les rôles s'inversaient? Saleté, pourquoi elle...

Ma soeur est morte la nuit de Noël.

Elle est morte quelques temps après que je l’eus quitté le soir. Son organisme n'a eu aucune réaction violente, elle est juste morte, tranquillement. Déprimé. Je suis déprimé. Je n'ai plus de raison valable de vivre, et elle, elle est morte sans le demander. Le donneur a eu la bonté de payer l'enterrement, de l'organiser et d'y assister, juste pour moi et ma soeur... C'est un homme bien. Un homme qui ne sait quoi faire de sa vie, un homme qui veut rendre les autres heureux, un homme qui est triste pour les autres, un homme qui vit pour les autres. Il est gérant d'une boutique de montre hérité de ses défunts parents, grâce à l'argent qu'il reçoit, il donne de la nourriture, des soins... Il vient même voir ces enfants dont il s'occupe, même à leur enterrement... Ses enfants. Les êtres comme lui ne font peut être pas le bonheur du monde, mais le bonheur autour d'eux, de moi et de ma soeur, ils le font. Sacrifier sa vie pour le bonheur des autres. Il m'a donné le bonheur à moi et ma soeur par son soutien, il m'en donne encore plus par sa présence aujourd'hui. Cependant il est trop fragile, il ne tiendra pas une vie pareille, il n'a que vingt-cinq ans, mais ça se ressent déjà, surtout qu'il me l'a dis. Depuis je travaille d’arrache-pied, plein d'espoir qui m'a été offert par ces deux personnes. Je me tourne vers des études de médecine, ce travail me permettra d'aider plus de gens c'est certains, non seulement dans mon travail lui même, mais aussi grâce au salaire qui me permettra de faire comme cet homme. Triste mais souriant, j'assiste deux mois après l'enterrement de ma soeur à celui de notre donneur. Il s'est suicidé. Mais je ne peux pas le pleurer, seulement le remercier en souriant pour tout. Ma soeur et cet homme m'ont redonné vie, et quand j'exercerais, quand je donnerais, quand je rendrais heureux... J'aurais la joie de vivre en pensant à eux, en donnant ma vie, comme eux.

T E S T - R P :