Concours d'écriture

[Nombre de mots : 1172 mots.]

Les larmes avaient rougi ses yeux. Ses pupilles, orbes sombres teintées d'émotions, fixaient le mur en face de lui sans ciller. Il ne cessait de répéter son prénom dans sa tête. "Clara, Clara, Clara." Il se sentait seul sans elle. Il avait froid sans elle. Elle lui manquait. Elle était partie, le laissant seul avec ses remords. Il avait agi comme un crétin. Un parfait abruti. Il leva le bras pour essuyer ses larmes. Un homme, ça ne pleure pas. C'est ce que lui avaient répété inlassablement ses parents. Peut-être qu'ils avaient raison. Peut-être qu'ils avaient tort. La respiration du jeune homme s'étrangla quand il se confondit en sanglots douloureux. Il se roula en boule, ses jambes remontées contre son torse et son menton posé contre ses genoux. Le canapé était mou sous lui. Il se balançait d'avant en arrière, les yeux entrouverts, la respiration irrégulière. Morne. Un bref regard vers l'horloge. Il pesta. Sa sœur, Lola, allait bientôt arriver. Depuis sa séparation avec Clara, sa sœur venait lui rendre visite tous les jours. Et elle avait raison. Il avait besoin de voir du monde. Il avait besoin qu'on l'assiste. Il n'était plus qu'un petit enfant dans un monde qu'il ne comprenait plus. La sonnette retentit, résonnant dans toute la maison. Se lever. Non. Pas envie. Ses jambes étaient tremblantes, il avait l'impression qu'elles étaient faites de coton.
« Entre... »
Sa voix était enrouée, comme jamais auparavant. Quelques instants plus tard, les talons des bottes de la jeune femme claquaient sur le parquet, alors qu'elle entrait. Elle avait réussit à l'entendre, donc. L'habitude, sûrement.
« Warren ? » elle l'appelait, incertaine.
« Je suis là. »
Elle pousse la porte du salon en entrant ; son expression passe de l'inquiétude à un attendrissement un peu étrange quand elle voit son petit frère roulé en boule sur le canapé, perdu et brisé. Elle va s'asseoir à côté de lui sur le canapé, passe une main dans les mèches mêlant brun et blond dans un ensemble étrangement harmonieux. Les ébouriffe, sourit légèrement. Sa main descend de ses cheveux pour lui caresser le dos dans un geste rassurant. Warren soupire, se cale contre elle. Elle l'enlace. Son pauvre petit frère se sent tellement mal. Si seulement il pouvait aller mieux. Si seulement elle pouvait l'aider.
Une parole, lancée sans but. La voix enrouée, toujours. Un filet de voix dont les mots sont lourds de sens. Les larmes qui coulent contre sa joue.
« J'ai été tellement idiot d'y croire. »
Lola n'a aucune idée de comment le consoler ; elle ne fait que le serrer fort contre elle. Ils ont tellement changé. Quand ils étaient petits, un simple bisou magique pouvait leur redonner le sourire. Enfants heureux. Adolescents soucieux. Adultes inconsolables.
Clara et Warren formaient un couple comme ceux de ces séries américaines à bas budget : ils se regardaient avec des yeux remplis d'amour, se souriaient à chaque instant. Mais comme les couples de la vraie vie, ils avaient chacun leurs défauts, défauts qui faisaient que ça n'allait pas marcher. Warren était un grand enfant, très jaloux. Clara était très décontractée et très sociable. Trop.
Et puis d'un jour à l'autre elle était partie, elle était allée rejoindre un autre homme, laissant Warren en larmes et seul dans son désespoir. Lola passe une main nerveuse dans ses cheveux ; elle le sait maintenant, son frère n'aime pas quand elle reste trop longtemps. Il aime être seul. La solitude le repose, la solitude l'aide à rassembler ses idées. Mais la solitude est aussi traîtresse ; se savoir seul plonge Warren dans un état paranoïaque, et le moindre bruit peut le faire sortir le fusil rangé dans le bureau. Warren est un homme dangereux, autant par son tempérament que par sa façon de vivre. Mais pour l'instant, réduit à l'état de loque humaine, il ne pouvait rien faire que de pleurer inlassablement son amour à jamais perdu. Lola regarde son frère, détendu dans ses bras, les yeux quasiment clos. Il semble tout jeune encore, mais ce n'est pas le cas. Elle le cale contre le canapé alors qu'elle se relève, un sourire crispé contre ses lèvres.
« Bon, je vais te laisser. N'hésite pas à m'appeler si tu as un souci. »
Pas de réponse, pas un regard. La jeune femme a l'habitude, elle tourne les talons et sort de la maison silencieuse. Warren se retrouve seul encore.
On lui avait souvent dit qu'il était lunatique. On lui avait souvent dit qu'il passait d'une humeur à une autre en un temps record. C'était sûrement son côté lunatique qui le força à se lever d'un bond pour se diriger dans sa chambre. La pièce était plongée dans le noir, mais il y vivait depuis assez longtemps pour se repérer sans mal. Sa poitrine tressautait alors qu'il s'agenouillait devant sa table de chevet et en ouvrait le tiroir pour en sortir une liasse de feuilles de papier. Plus précisément, des enveloppes. Cela pouvait paraître étrange, mais dans une époque où Internet prenait une place relativement importante dans la vie de la population, Clara et Warren s'envoyaient des lettres. Pour Warren, c'était particulièrement intéressant de voir comment écrivait la jeune femme, de déduire son caractère par rapport à ce qu'elle racontait et aussi par rapport à sa façon d'écrire. Quant à Clara, elle trouvait juste le concept de correspondance cool. Même si elle aurait préféré qu'ils s'envoient des mails, c'était plus rapide.
Le jeune homme se releva, sa main serrant les lettres. Il en avait plus qu'assez. Il la retrouvait partout dans son quotidien. Dans des anecdotes, sur des photos. Partout, Clara était partout autour de lui. Il traversa d'un pas décidé le couloir rempli d'ombres, retourna au salon. Salon où tant de souvenirs heureux s'amassaient. Il ferma les yeux douloureusement, puis les rouvrit pour se diriger vers la cheminée. Un feu y était allumé, crépitant doucement. Warren tendit sa main vers les flammes, laissant sa paume se réchauffer. Il coula un regard aux lettres. Plus de retour en arrière possible. Mordillant sa lèvre, il jeta les lettres au feu, une à une. Sauf la dernière. Un élan de mélancolie le résolut à ne pas la brûler. Il la glissa dans la poche de son jean, puis reporta son attention sur les lettres, se consumant lentement. Les flammes les dévoraient, voraces. Dans ses yeux onyx se reflétait le feu, ses yeux onyx remplis de larmes. C'était fini. Pour toujours. Elle ne reviendrait jamais. Il lui fallait oublier. Recommencer sa vie. Il s'agenouilla pour replacer la plaque de sécurité de la cheminée et alla s'allonger de tout son long sur le canapé, ne quittant pas des yeux les lettres qui finissaient de s'embraser. Il gigota un peu pour sortir la lettre rescapée de sa poche. Il reconnaissait son écriture, l'écriture de la fille qui l'avait brisée. Elle lui rédigeait la lettre la plus courte qu'ils s'étaient échangés, mais celle qui signifiait le plus à leurs yeux.
Sur la lettre, seuls trois mots étaient inscrits : « Je t'aime. »



[Nombre de mots : 337 mots.]

Il était une fois, sur une terre désolée, une forêt. Dans cette forêt, vivaient paisiblement des arbres millénaires, ayant accumulés les années, et inspiré toute la sagesse qu’ils pouvaient tirer de la vie. Le plus vieux de tous ces arbres étaient le plus vertueux et le plus respecté de tous. Mais un jour, pénétrèrent sur leurs terres, un humain. Ce dernier était nu et agissait comme un rustre, piétinant les herbes, cassant les branches, énervant la forêt. Intéressé par cette créature inconnue en ces lieux, l’arbre accueillit l’homme avec bienveillance, sans hostilité, et lui parla. Étonné, l’homme accepta de dialoguer avec l’arbre ancien, et sympathisèrent. L’humain décida de rester aurprès de son nouvel ami, qui avait tant à lui apprendre et lui raconter. L’arbre apprit toutes sortes de choses à l’homme, qui était ignorant, et qui bientôt, prit conscience de sa nudité impudente, et se créa des vêtements à partir des feuilles qu’un grand paulownia lui avait cédé. Petit à petit, ce bipède apprit les choses essentielles de la vie, la vie et la mort, les sentiments. Les correspondances entre chaque individus, et les êtres qui l’entoure. Chaque individu vivant a le droit à sa place sur la terre, mais les lois de la nature ne sont pas aussi magnanimes. Les forts prennent la place des faibles, et ainsi de suite, éternellement. L’arbre lui enseigna de respecter ce cycle, puisqu’il constituait le fondement même de la vie, aussi ronde que la lune et le soleil. Bientôt, l’homme fut aussi savant que le chêne mille fois millénaire, connaissant le nom de toute chose, et l’arbre lui somma d’aller porter cette connaissance chez les hommes, et dispenser joie et amour. L’homme obéit, développant sa culture à travers les villages et les pays, au fil du temps. Rapidement, les humains oublièrent à qui ils devaient leur intelligence première, et perdirent toute correspondance avec les arbres et la nature, se mettant à détruire tout sur leur passage, pensant créer et grandir d’âme et de gloire, mais ils avaient crée le feu.



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